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La terre franche ou franc fief de Rognon dut son nom, très probablement, à la grande seigneurie de ce nom, qui existait à Nivelles et aux environs. Les Trazegnies aliénèrent
cette dernière dès le XIVe siècle, mais ils conservèrent la première. Leur autorité y était très étendue, puisqu'ils y avaient la justice à tous les degrés. Un bailli de
Steenkerque, nommé Achille Le Cauwelier, ayant commis un homicide sur la personne de Bertrand Pehy dit Lhoer, Jean, baron de Trazegnies, prétendit confisquer à son profit les
biens que le bailli possédait à Rognon. Celui-ci essaya de lui contester ce droit, mais finit par perdre tout espoir de gagner sa cause et implora du baron le pardon de son
crime. Afin de l'obtenir, il lui céda la tour de pierre, maison et dépendances de toute nature qu'il possédait entre la Senne et le pré de Jean d'Ittre, d'une part, et le
chemin conduisant de la chapelle Sainte-Catherine à Rebecq, d'autre part; en outre, il promit de rembourser la rente annuelle de 20 livres tournois dont cette propriété était
grevée, et s'engagea à payer 100 livres en indemnité des frais que la procédure avait imposés au baron, et à relever de la cour féodale de ce seigneur la partie de ses biens
qui se trouvait de l'autre côté du chemin cité plus haut. Le 7 octobre 1512, Jean de Trazegnies et Le Cauwelier signèrent à Mons, par devant des hommes de fiefs du comté de
Hainaut, cet accord, que le conseil de Brabant ratifia le 11 du même mois. Dans les deux derniers siècles, avec moins de raison encore que pour Rebecq, on qualifiait de
principauté le territoire exigu et presque désert des « francs fiefs de Rognon près de Rebecq ».
Les Trazegnies, entre autres titres, prenaient celui de « princes des francs staulx de Rognon ».
Trazegnies figurait, de temps immémorial, parmi les terres franches ; c'est sans doute parce que Rognon reconnaissait les mêmes maîtres qu'il obtint les mêmes immunités. Après la
guerre entre la Flandre et le Brabant, « lorsqu'on fit grande taille et prière », dans ce dernier pays, le maire, les échevins et la communauté de Rebecq prétendirent imposer une
partie de leur cote à des biens qui se trouvaient dans leur paroisse et qui étaient tenus en fief de Marie de Trazegnies, dame de Feluy, et par cette dame du sire de Trazegnies,
qui, à son tour, les relevait de la duchesse de Brabant. A la demande d'Othon, sire de Trazegnies et de Silly, Godefroid delle Haye, bailli du Brabant wallon, convoqua un plaid de
la haute cour de Genappe, et là, demanda l'avis de Gérard de Witterzies. Celui-ci ayant jugé que le seigneur de Trazegnies devait être maintenu dans la paisible possession de ses
franchises et qu'on devait restituer la taxe qui avait été imposée sur ses fiefs à Rebecq, la cour partagea son opinion et le bailli promulgua une sentence conforme le 3 décembre
1361. Vers 1738 ou 1740, la juridiction de Rognon n'englobait que 75 bonniers ou, suivant un autre document, 79 b. 2 journaux. On n'y comptait que 14 maisons et 50 habitants.
Monument funéraire, blason et citation généalogique de Charles II, Marquis de Trazegnies, prince des Francs-fiefs de Rognon
Cependant il y régnait une certaine activité industrielle, résultat de la situation exceptionnelle de la localité. II s'y distillait beaucoup d'eau-de-vie, que les habitants du
Hainaut, et notamment ceux d’Enghien, venaient chercher en fraude. Rognon avait son tribunal particulier, composé d'un bailli, de sept échevins et d'un greffier, et son livre d'assiette ou registre d'impositions.
A titre de terre franche, le fief de Rognon payait au gouvernement une « place » ou ration par an, soit 270 florins, taxe qui fut réduite de moitié, par acte du gouverneur général du 28 février 1684.
Source: Tarlier & Wauters, Canton de Nivelles; Rebecq
Rognon, sur un extrait de carte d’état-major de 1865 (Archives Rewisbique)
En 1824, à la suite d’une dénonciation à charge du mayeur de Rognon, on reprit le projet, qui avait déjà été conçu en l’an VIII, de
réunir cette petite commune à celle de Rebecq, dans laquelle elle était pour ainsi dire enclavée, Rognon n’avait alors que 96 habitants et 42 florins de revenus communaux, tandis que
Rebecq comptait 2,174 habitants et 110 fl. 48 cents de revenus communaux. Le 8 juin, sur l’invitation du gouverneur, les deux conseils communaux se réunirent à Nivelles sous la présidence du
commissaire de district et émirent un avis unanimement favorable à la réunion, qui fut prononcée par un arrêté royal en date du 1er décembre. D’après les
renseignements transmis par le bourgmestre de Rebecq, en 1865, Rognon comprenait environ 80 hectares; la limite de cette commune était formée : vers l’E. par le chemin de Saint-Hubert, depuis la
Tour-au-Bois jusqu’à la chapelle du Gibet; vers le S. par le chemin de Millecamp, depuis la chapelle du Gibet jusqu’à la dernière maison de Rognon, à l’occident; vers l’O.
par une ligne suivant parallèlement le chemin du Bribeau à une distance d’environ 200 m. E.; vers le N. par la Senne et les Garennes de Sainte-Catherine et de la Tour-au-Bois.
Rognon se divisait en deux groupes d'habitations : au S., la Haute franchise; au N., la Basse franchise. La Haute franchise se composait de 6 maisons : la ferme du Bois Jurion, la ferme du Gibet, la maison de
Frère Pierre, la maison Grumiau, la maison Dujacquier et la maison Pierre Demeure; la Basse franchise se composait de 8 maisons : la ferme de la Tour-au-Bois, la ferme Sainte-Catherine, la ferme de la Danse, la
ferme Sainte-Aldegonde, la maison Paridaens, la maison Spinette, la maison Delabie et la maison Beublet.
Sources
Extraits de "Géographie et histoire des communes belges", Tarlier et Wauters
Plan d’une installation de pompe à eau à Rognon, en 1881 (Arch. Rewisbique)
Cet endroit charmant, baigné par la Senne, eut depuis les temps les plus reculés, une vocation agricole, ce qui lui permit de garder son cadre champêtre apprécié des
promeneurs. La construction de la ligne de chemin de fer 115 Tubize-Rebecq-Braine-le Comte à la fin du 19e siècle modifia énormément le paysage de cette région. La construction de 3
ponts à une arche et de 2 viaducs à 5 arches fut nécessaire pour faire circuler les trains.
Actuellement, cette voie ferroviaire est désaffectée, mais sert au parcours du R.R.R. (Rail-Rebecq-Rognon), le train touristique connu par de nombreux de visiteurs. Le hameau de Rognon est voisin de
Steenkerke (Braine-le-Comte) et constitue de ce fait la partie la plus occidentale du Brabant Wallon. Indépendamment des belles promenades et randonnées que l’on peut y faire, on peut voir le moulin
d’Hou, situé juste à la frontière de la commune ainsi que plusieurs fermes de caractère.
Notons au passage la fête annuelle de « Rognon Vit », le 1er week-end de septembre. La visite possible du « Bloc U » avec les installations du R.R.R.
Vues de Rognon, en 1950 (Fond Liemans - Arch. Rewisbique)
Rognon, sur une carte de 1965 (Fond Arenberg - Arch. Rewisbique)
Le moulin d’Hou, sur la Senne, à Rognon (Arch. Rewisbique)